2007-2012
est un quinquennat célèbre, celui d'un homme que l'on devinait doué
et qui a tenu toutes ses promesses : celui de Marin Ledun. Cinq ans
et une dizaine de romans, c'est le temps qu'il lui a fallu pour
s'installer parmi les auteurs majeurs du Polar hexagonal.
Docteur
en sciences de l'information et de la communication, chercheur, c'est
à l'âge de trente ans qu'il décide de s'adonner à l'écriture de
romans.
"L'envie
d'écrire m’a pris au printemps 2005, peu avant la sortie de mon
livre à 'caractère' scientifique, un pavé de plus de cinq cents
pages à peu près aussi digeste que ma thèse de doctorat dont il
est tiré ... Un copain, pas particulièrement porté sur les phrases
alambiquées et des démonstrations en trois parties, me fit
remarquer, alors que je lui proposais de le lire, qu’il n’en
ferait rien, pour la simple et bonne raison qu’il n’était
lui-même ni scientifique, ni masochiste. Il avait marqué un point.
L’exercice de la théorisation me paraît toujours nécessaire pour
comprendre le monde dans lequel je vis, mais il est aussi extrêmement
élitiste, c’est un fait. Le lendemain, je commençais mon premier
roman."
Marin
Ledun est un scientifique et un auteur engagé. Ses romans brossent
le portrait d'un monde noyé dans la technologie à outrance, la
compétitivité exacerbée, où l'humain est broyé par les dérives
dont elles font l'objet.
Trois
années seulement après son premier roman, Modus operandi,
où il évoquait les enfants martyrs, l'auteur signe un opus qui lui
permettra de décrocher le Prix mystère de la critique 2011 : La
guerre des vanités (Série
Noire,2010). En Ardèche, Tournon-sur-Rhône, 10 000 habitants, cinq
adolescents se suicident. Korvine, lieutenant de police est envoyé
sur place. Trois jours d'enquête menée tambour battant. La ville
est repliée sur elle même, taiseuse. Les secrets sont bien cachés.
Dialogue difficile entre parents et enfants en âge de devenir
adultes dans un monde qui contraste trop avec celui de leurs ainés.
L'ennui qui pèse comme une chape de plomb.De la mesquinerie. De la
peur. Du Ledun mâtiné de Chabrol.
Avec
les visages écrasés (2011), Marin Ledun développe un sujet qui le
passionne : la férocité du monde du travail et l'inhumanité qui
tend à le caractériser de plus en plus de nos jours. Des salariés
confrontés à des objectifs utopiques à réaliser, au stress, au
mal-être, à la productivité sans cesse accrue, aux gains colossaux
en point de mire, au suicide, en guise d'ultime échappatoire. Ce
roman se verra couronné en 2011 du Grand Prix du Roman Noir et du
Trophée 813.
En
2012, sort Dans le ventre des mères, où
l'on retrouve Laure Dahan, l'héroïne de Marketing viral
(2008) et dont ce roman est la suite. Derrière l'explosion d'un
village ardéchois faisant une centaine de victimes, se cache une
affaire de manipulation de l'humain, de mutations génétiques et de
nanotechnologies.
En
février 2013, No more Natalie
parait aux éditions de l'Atelier IN8, dans la collection Polaroïd,
dirigée par ... Marc Villard. Marin revient sur la noyade de la
sublime Natalie Wood, en 1981. Nous y reviendrons avec eux, en avril,
à Vaison-la-Romaine.
